i feel like i'm drowning. (amelia)

□ L'animal qui te représente : une lionne, symbole de courage, de force et d'affirmation de soi. Car elle n'a jamais baissé les bras, elle s'est toujours relevée. Avec le temps, elle s'est endurcie et s'est affirmée dans une détermination sans faille. Tout comme avec ses petits, Amelia est très protectrice avec sa fille. □ Proie ou prédateur : Prédateur, bien qu'elle ne chasse pas. Mais elle a cessé d'être une proie, notamment pour les hommes, depuis le jour où elle a eu son enfant. □ Tes désirs : Une mère qui s'abandonne pour sa fille, son seul désir est de lui donner une meilleure vie que la sienne. Elle ferait tout son possible pour y parvenir et conserver ce joli sourire sur son visage. C'est ainsi qu'elle trime sans relâche au travail pour lui payer, en outre, les frais de scolarité de ses études. □ Tics et manies : La bonne résolution de toutes les années est de se mettre au sport mais elle ne trouve jamais le temps. Cette année, elle a décidé de se rendre au travail en vélo le plus souvent, ou à pieds, prêtant sa voiture à sa fille. — Le soir, sous les coups de vingt-et-une heure, elle se prend un petit verre de vin en compagnie d'un roman policier, posée sur la terrasse de son balcon. — Elle ne quitte jamais ce petit bracelet en fil de coton que sa fille lui avait créé et offert pour la fête des mères lors de son sixième anniversaire. — Suite à une peine de coeur, la mère et la fille ont un rituel bien ancré dans ses moeurs : la trilogie Bridget Jones avec leur fidèle pot de Ben & Jerry's saveur cookies. — C'est une adepte des films d'horreur, surtout ceux qui ont un attrait avec l'occulte. Il n'est pas rare de la voir aller au cinéma toute seule pour visionner les dernières sorties.


Un verre à la main et un roman de Stephen King dans l'autre, Amelia passait la porte donnant sur le balcon pour s'y réfugier comme tous les soirs. Déposant le verre sur l'accoudoir de ce canapé de jardin, elle ouvrait son livre à la page cornée pour reprendre sa lecture là où elle l'avait laissé la veille. Mais ses pensées se perdaient dans les lignes noires qui couvraient la feuille. Le repas a été mouvementé par de nouvelles interrogations sur le père de sa fille. A dire vrai, la jeune femme se demandait parfois, elle aussi, ce qu'il est devenu après toutes ces années. Ce jeune homme qui lui avait fait tourner la tête et qui lui avait offert sa plus belle nuit. Elle en rougirait encore, se remémorant ses baisers et ses caresses. Délicieux moment en sa compagnie dont elle s'est délectée, malgré la douleur d'un retour trop brutal à la réalité. Sa première fois. Une fois inappropriée. Mais que cherchait-elle à prouver ? Puis, un accident. Une merveille inattendue. Sa fille, la prunelle de ses yeux qui est aujourd'hui dans la fleur de l'âge, profitant de la vie. Elle, si frêle et si pétillante. Un caractère bien trempé en même temps qu'une beauté si fragile. Un sourire venait étirer ses lèvres avant de s'abreuver d'une nouvelle gorgée de vin. Elle pourrait lui donner sa vie, se tuer pour lui offrir le meilleur. Peut-être un peu trop protectrice envers sa progéniture, il est vrai, Amelia a l'impression de voir son propre reflet à son âge. Un âge où tout a basculé à cause d'une simple petite erreur. Perdue dans ses songes alors que son roman ouvert à la même page depuis plusieurs minutes s'appuie sur ses cuisses, c'est le vibreur de son téléphone portable qui l'en extirpait. Se doutant de l'émetteur à cette heure si tardive, un soupire exaspéré effaçait le sourire initialement présent. Un message du patron d'un bar situé à quelques rues qui lui demandait de venir récupérer son père. Un vieil homme rongé par la culpabilité, noyant son chagrin et sa responsabilité dans l'alcool jusqu'à tout oublier. Mais le lendemain, la réalité de son absence lui faisait face à nouveau, comme une gifle qui le réveille brutalement de son coma éthylique. Le visage de sa douce Jocelyne ne donnait plus le ton de ses journées, et par sa faute. Ayant toujours eu un penchant pour la boisson, il n'a jamais pu reconnaître le moment où il franchissait la limite. Et c'est bien pourtant la limite séparant les deux routes à contresens qu'il balaya ce soir là, causant la mort de sa bien aimé dans un choc avec un camion. Claquant les deux extrémités, elle fermait d'un coup sec son livre. Son rituel nocturne dérangé une nouvelle fois par le devoir familial qui lui incombe désormais.  

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