- in the land of sweets and pine trees.

(un) Avra, elle a toujours été cette enfant sage et disciplinée, soucieuse de plaire à toutes les parties. Bonne élève, toujours apprêtée et polie, son entourage n'a jamais tari d'éloges sur elle. Il était important pour elle de faire la fierté de ses parents, de n'avoir jamais aucune raison de leur causer du tort. (deux) Avra, elle a mal digéré la disparition de sa mère, comme toute adolescente. Jamais encore elle n'avait ressentie de douleur aussi intense, de vide aussi immense. Cette incertitude lui pèse, chaque jour plus fort, de n'avoir jamais retrouvé de corps. Sa raison lui souffle qu'il n'y a plus aucun espoir, mais son cœur aimerait tellement pouvoir s'y plonger. (trois) Avra, elle n'a jamais connu les affres de l'amour, les papillons dans le ventre et les mains moites. Elle s'en est toujours tenue à l'écart après la perte de sa mère. La peur de laisser quelqu'un entrer plus profondément dans sa vie, la peur qu'à tout moment elle puisse en sortir. Elle n'a jamais été prête à reprendre des risques, à reprendre le risque de souffrir. Alors elle s'est abîmée dans ses études, les œillères en place. (quatre) Malgré tout, elle a eu la chance de pouvoir compter sur sa tante pour prendre soin d'elle. Elle a été le modèle féminin à suivre, cette tendresse maternelle nécessaire dans les moments de doutes. Elle lui en est reconnaissante, de lui avoir ouvert les bras. Reconnaissante également envers son cousin d'avoir été là, malgré les quelques années qui les séparent. (cinq) Les livres, Avra les a toujours adoré. Leur constance, l'odeur des reliures, les histoires qu'ils racontent. En leur compagnie, elle pouvait s'improviser comtesse, ou rebelle dans les années 60. Sa tête s'est remplie d'histoires, d'aventures qui ne sont pas siennes, mais qu'elle a toujours eu la sensation de vivre par procuration. Une imagination qui est devenue débordante à force de lecture. (six) Dernièrement, Avra se sent irritée, elle s'impatiente. Elle a la sensation d'être passée à côté de sa jeunesse, à vouloir jouer les princesses. Elle réalise qu'elle n'a rien vécu, rien connu, et elle le regrette. Alors elle sort une nouvelle casquette, discrètement. Celle d'une enfant à la recherche de ses propres aventures. Celle d'une enfant qui goûte pour la première fois à l'adrénaline des interdits. (sept) Elle fréquente d'un peu trop près ce groupe dernièrement, ces mauvaises influences qu'elle recherche avidement en ce moment. Elle découvre l'autre côté du mur, le côté obscure qu'elle n'avait vu que dans des films. Et elle se surprend à aimer cela, à apprécier d'être hors la loi. A lancer un regard derrière son épaule, en gloussant comme une enfant. (huit) Heureusement pour elle, la demoiselle peut compter sur ses amies pour essayer de la ramener à terre. Ce groupe qui se suit depuis le premier jour, ce groupe qui se ressemble et qui s'est assemblé. Naturelles, entières, leurs routes se sont croisées comme une évidence. Même si dernièrement elle s'en est un peu éloignée, même dernièrement elle s'en veut de ne pas avoir besoin d'elles.