So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past. (Mila)

So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past. ★ @Mila Davis

Les yeux vitreux, les mains posées contre le lavabo, Gareth scrute son reflet sur le miroir. Il ne ressemble aucunement à un héros de guerre mais plutôt à un drogué. C’est d’ailleurs la première fois qu’il reste aussi longtemps à se contempler, lui le héros qui a tué des centaines d’innocents, innocents dont les visages le hantent encore. Jour et nuit, ses vies brisées parfois trop tôt ne cessent de le suivre où qu’il aille. Perdu dans les méandres de ses pensées, la boite de pilules lui paraît être le seul échappatoire à présent. Alors de nouveau, il succombe et prends ses médicaments entre deux sanglots, son poing venant se briser sur le miroir dont le verre lui coupe la peau. Du sang s’en échappe, l’obligeant à se calmer, il se laisse choir sur le sol. Le liquide carmin continue de couler, encore et encore, l’homme sombre dans un sommeil profond. Ses nuits complètes sont rares, alors il ne peut résister à l’appel de Morphée. Ce n’est que le lendemain matin que sa mère découvre cette scène, horrifiée et impressionnée par tout ce sang. Avec tout ça, l’ancien militaire en a presque oublié la réunion se tenant aujourd’hui où les anciens soldats et familles de victimes se retrouvent. Un rendez-vous qui ne le ravit absolument pas, le fait que cela soit anonyme l’encourage encore moins. Comment peut-il conter ce qui est advenu avec des mots alors qu’il en est encore incapable ? Retranscrire verbalement ses traumatismes relève du miracle.

Le voilà qui arrive au lieu du rendez-vous, le gymnase du lycée, des chaises sont disposées en rond. Tous sont déjà arrivés et n’attendent que lui, l’élément perturbateur. Il s’assoit après s’être excusé. Débute enfin cette cession de discussions. Quelques anciens combattants témoignent, eux aussi à fleurs de peau. Gareth reste muet, écoutant d’une oreille distraite. Ses opales balayent les participants pour s’arrêter sur une femme, brune, étrangement familière. Non pas qu’il l’aurait déjà vu mais qu’on lui avait donné une description lui correspondant étrangement. Gareth possède de toute évidence une très bonne mémoire auditive, surtout concernant son camarade décédé, James. Dieu que ce dernier lui manque encore. Il aurait préféré mourir à sa place, il ne le méritait pas. Ce n’était pas son heure. C’est enfin à elle de parler, tous les regards sont alors rivés sur elle, le brun pendu à ses lèvres, impatient de savoir si son intuition s’est trompée ou non. C’est rarement le cas, sur le terrain, il laissait son intuition dicter beaucoup de ses décisions, ça lui a été plutôt salutaire, alors aujourd’hui, le doute plane. Cette femme s’apprête à le conforter ou pas dans ses suppositions, probablement folles. Finalement, son récit le convainc qu’elle évoque bel et bien James, son camarade et le frère de Mila.

A l’issue de cette réunion, dont Gareth s’échappe le premier, il s’empresse de la suivre jusqu’au parking. « Mademoiselle ? Je crois que je connais votre frère. Enfin je suis sûr. » Ils sont seuls, sa voix est suffisamment forte pour qu’elle l’entende et ne l’ignore pas. Elle est dos à lui, il ne peut voir sa réaction. « Son nom est James, nous étions camarades et amis. »

Le sourire. un bon moyen pour cacher au monde entier que tout vas bien. tu as vite pris le coup quand tu as perdu ton frère jumeau. tu as vite compris que ça allait être utile pour éviter les nombreuses questions de tes proches, des questions qui se répètent et qui sont bien trop énervante à ton goût. tu ne veux plus te justifier si un jour tu sors un "non, ça va pas." les idiots. ils comprennent pas. car oui, ça ne vas pas même après deux ans, ça ne vas pas parce qu'il est encore là, dans ton coeur, dans ta vie, tes souvenirs, il a grandit dans cette ville et peu importe ce que tu fais tu as des souvenirs avec lui. ta moitié, ta vie. il était ton double alors non ça va pas mais tu souris pour faire croire le contraire. un sourire ça passe toujours mieux. tu t'étais un peu calmer et ça allait mieux quand tu as rencontré ton ex aujourd'hui, il était le seul à te calmer quand ça n'allait pas, il était le seul à stopper tes cauchemars la nuit. depuis votre séparation tout revient, tout recommence et même si tu as des bras réconfortant, ceux de ton fiancé rien n'est pareil. C'est aussi pour cette raison que tu as repris les groupes de soutient, tu en avais fait parti au début puis tu as arrêter mais aujourd'hui ça t'aide beaucoup, tu rencontres du monde et tu peux en parler. Wes est là aussi quand tu as besoin mais tu aimes être avec des gens qui ont vécu ce genre de chose.

Des nouvelles têtes, des gens qui arrivent en retard, c'est souvent et ce soir c'était toi de parler. Les regards rivés vers toi, tu te lance dans ton histoire, la perte de ton frère jumeau, tu expliques tout, sa disparition, sa situation et la tienne ensuite, ta famille, la distance avec ton grand frère. Tu peux t'exprimer sans limite et sans filtre, tu sais que ces personnes sont là, sans jugés, sans arrière pensés et ça te fais beaucoup de bien. La séance ce termine et après un petit café et des bavardages tu décides de partir, il est pas très tard, le soleil brille encore à l'horizon. Arrivant près de ta voiture tu t'apprêtes à monter quand une voix attire ton attention, rauque et forte, ses paroles te fige. Tes doigts qui se resserrent sur la sangle de ton sac à main. tu n'arrives pas à le croire, il connais ton frère, ça aurai pu être une coeincidence mais quand il prononce son prénom alors que tu n'as jamais eu la force de la dire aux réunions puis tu te souviens des lettres de ton jumeau, une par semaine, de ses lettres qui mentionnais ses frères d'armes, ses camarades mais qui un seul prénom revenait à chaque fois. Gareth. l'impression de déjà le connaitre alors que ce n'étais qu'à travers des mots de ton frère. Le regard flou, l'émotion qui t'envahis alors que tu te retourne lentement vers lui, tu n'avais pas pu mettre de visage sur ce prénom jusqu'à maintenant, l'homme fort, barbu à quelques mètres de toi. le dernier à avoir vu ton frère en vie. ta voix se brise quand tu oses prononcer son prénom. - Gareth ? un inconnu que tu semble pourtant tant connaître.

So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past. ★ @Mila Davis

Sourire est une arme efficace contre les questions insistantes, Gareth en est néanmoins incapable, ne pouvant se forcer à esquisser ne serait-ce qu’un petit sourire. Disons qu’il y parvient mais seulement aux côtés de ses proches, de ses amis où il se laisse quelque peu aller à la nostalgie, oubliant un instant sa condition d’assassin. Militaire et meurtrier, la différence est faible voire inexistante à ses yeux. Ses nuits ne cessent de ressasser ce qu’il a pu faire, malgré le fait que l’Etat l’ait récompensé pour ses actes héroïques, il ne les considère pas comme tel. Sa condition psychologique est donc calamiteuse, d’où sa présence ici, au beau milieu de cette réunion. Des rescapés et des familles de victimes témoignent de leur douleur, de manière anonyme. Gareth n’a pas encore pris la parole et ne la prendra pas, à part s’il est obligé. C’est un taiseux qui n’apprécie guère être au centre des attentions, encore moins pour évoquer son passé au sein de l’armée. Rien de tout cela n’est souhaitable et ne le rend pas fier, lui le gamin qui voulait soutenir son pays est bien loin à présent qu’il a vu la réalité du terrain. Des boucheries, des enfants que l’on envoie en première ligne. Des vies brisées, des destins changés à jamais.

Une femme, brune, aux grands yeux marron prend la parole. Cette dernière parle à cœur ouvert de son jumeau décédé sur le champ de bataille. Si au départ cela paraît anodin, Hopkins tique à plusieurs reprises, beaucoup de points lui font penser à son frère d’arme, celui qu’il a vu mourir sous ses yeux. Celui qui l’a accompagné pendant toutes ces années de souffrance. Ils étaient alors inséparables, des frères, des amis. Un lien indélébile que la mort n’a fait que renforcer finalement. Lorsque la réunion s’achève, Gareth hésite encore, mais c’est en la voyant sortir de la salle qu’il prend conscience qu’une telle opportunité ne se représenterait pas. Elle mérite de savoir la vérité sur sa mort. Elle mérite de savoir que son frère l’aimait d’une force inouïe. Sans attendre, le brun à la barbe de trois jours part à sa suite, il prend son courage à deux mains pour l’interpeller dans le parking. Il ne passe pas par quatre chemins, craignant de la voir partir. Il sent l’émotion l’étreinte, celle-ci lui parvient, venant serrer sa gorge tandis que d’une voix faible il rétorque. « Oui, c’est moi. Votre frère et moi étions amis. Je l’ai connu à mon arrivée à l’armée et toutes les années après. » Il s’approche doucement, afin de ne pas brusquer la jeune femme qu’il ne quitte pas des yeux. Il a la sensation de la connaître tant James l’évoquait. « Il m’a tant parlé de vous, Mila. » Dit-il dans un soupir, avant de fouiller dans sa poche et en sort un collier. « Voici le collier avec l’immatricule militaire de votre frère, il voulait que ça vous revienne, alors je..je l’ai gardé dans l’espoir de vous retrouver. » Les mots ont du mal à venir tandis qu’il tend le bijou contenant le nom et les chiffres de ce frère disparu, parti trop tôt.

» ghost of the past (Ft. Clem)
» always here (mila)
» les fragments de ton coeur (mila)